Reportage BFM TV: l’équicoaching, ou l’apprentissage du management avec un cheval

Se former au management en interagissant avec un cheval. C’est le drôle de pari de l’équicoaching, une formation pour développer ses savoir-êtres, dans des situations incongrues, pourtant réplicables au bureau. Nous avons testé.

« Tu as réussi à le faire aller au pas, c’est bien. Maintenant, tu peux le faire aller au trot sans le toucher, sans lui parler ». Christelle, veste kaki, petites lunettes rondes et jean de rigueur, d’abord un peu hésitante, s’exécute. Donne des consignes, claque des doigts, flatte sa jument à la robe pommelée, qui répond au petit nom de Dalida. L’idée est de la faire avancer, tourner, reculer sans utiliser la longe.

Après quelques minutes, celle qui travaille dans le conseil RH écoute avec attention le débriefing de la formatrice. Et là, c’est le petit miracle, Laurence Flichy restitue le style de management de Christelle, appréhendé en un exercice seulement. « Tu aimes manager par l’action, ça se sent. Tu sais envoyer du feedback, tu le fais très spontanément, et je pense que pour les gens qui travaillent avec toi, c’est très agréable ». Un diagnostic à peine interrompu par l’irruption du cheval dans le champ de notre caméra.

Ce mardi matin au haras de Bory, dans les Yvelines, à quelques pas de Rambouillet, douze managers, cadres dans la fonction RH, ingénieurs travaux, directrice marketing, fondatrice de start-up, directrice d’une entreprise d’évènementiel s’essaient aux joies de « l’équicoaching ». Une formation managériale et comportementale autour du cheval. Même si les chevaux participants ont été sélectionnés avec soin, « parce qu’ils ne bottent pas, ne mordent pas et qu’ils aiment l’humain », difficile pour les participants de cacher leur appréhension devant cet animal de plusieurs centaines de kilos.

L’interaction avec le cheval, allégorie de situations en entreprises

Tôt le matin, l’audience, quasiment exclusivement féminine, écoute avec attention le fondateur de l’Académie Arnaud Camus poser les bases de cette journée de formation un peu spéciale. Dans les fauteuils en cuir et les tableaux équestres, on est loin des « teams building » en kayak ou autres formations à l’expression orale en saynètes de théâtre. Ici, la star, c’est le cheval, qu’il faudra apprendre à connaître, à guider et à diriger.

L’objectif de cette formation? « Les participants repartent avec une meilleure connaissance d’eux-mêmes. Ils apprennent à prendre leur place et la trouver, ou même à la laisser », développe celui qui est aussi conseiller en management et propriétaire de chevaux de courses.

Le cheval rend matériel l’immatériel, il met une loupe sur vous-même et sur vos attitudes », ajoute-t-il, inspiré.

Lors des exercices, il faut laisser le moins de place possible à l’hésitation. « Si vous êtes déterminé et que vous savez ce que vous voulez, alors vous allez prendre le leadership, le cheval va devenir rapidement actif et à votre écoute », attestent les formateurs.

L’interaction avec le cheval reproduit finalement des situations observables en entreprise. Trouver le bon degré de proximité avec son collaborateur, savoir impulser l’énergie, donner des marges de manœuvre tout en trouvant un terrain d’entente. « Il faut trouver la bonne distance en mettant son bras entre le cheval et nous. On pose la limite », explique, pédagogue, Jean-Luc Force, qui est aussi entraîneur responsable de la division haute performance de la Fédération française d’équitation. Cette année, il a accompagné plusieurs athlètes olympiques et paralympiques pour les JO de Paris.

Accompagner également le cheval dans les obstacles. Ici par exemple avec un pneu de vélo posé au sol dans lequel le cheval refuse obstinément de rentrer. « Il faut mettre le pied là où les chevaux mettront le sabot », explique Laurence pour guider les stagiaires. Là aussi, on peut y voir une allégorie de l’encadrement d’équipe: accompagner le collaborateur récalcitrant qui identifie une zone d’incertitude, d’inconfort en le précédant dans la zone de danger ressenti.

« En quatre minutes, on arrive à voir ce que des pyschologues vont mettre des années à percevoir »

Une fois maitrisées les séquences individuelles, il faut passer aux exercices pratiques en collectif. Et notamment, conduire le cheval à enjamber les obstacles, sauter des haies, dessiner des cercles, le faire reculer en ligne. Et en collectif, les choses se corsent: apprendre à trouver sa place à côté du cheval, donc à coopérer, à identifier les rôles et les respecter, et ne pas chercher à prendre la lumière seul.

Entre les différents ateliers, il ya des pauses pour permettre aux participants d’échanger, de confronter leurs émotions. Pour l’essentiel, les stagiaires sont séduits. « Le débriefing était bluffant, saisissant de vérité », pour l’une. « Le moment de restitution était très fort, je me suis sentie tout de suite mise à nu », confie Christelle. Un ressenti encore plus fort pour Carine, après ce premier face-à-face avec le cheval. « J’ai pleuré… En 4 minutes on arrive à voir ce que des psychologues vont mettre des années à percevoir. »

Avoir à ses côtés un cheval qui a cette capacité en très peu de temps à vous renvoyer qui vous êtes, c’est magique », relate Carine, après le premier atelier.

Difficile pour autant de savoir ce que sur le long-terme les participants garderont de cette journée hors-normes. Mais Arnaud Camus l’assure, cela permet de déminer bien des situations, et notamment des tensions au sein d’une équipe.

La petite entreprise d’équicoaching s’est professionalisée

Combien sont-ils à se laisser embarquer dans cette formation au management très éloignée des codes du bureau?

« Plus de 800 stagiaires chaque année », affiche fièrement Arnaud Camus. Codir du CAC 40, fédérations hospitalières, équipes dans le BTP, start-up font appels à ses services. Pas mal pour une idée née presque au débotté il y a 13 ans, alors que le propriétaire équestre travaillait aux cotés du groupe St Dupont. « Nous travaillons pour un groupe spécialisé dans les stylos et les briquets de luxe, pour réaliser leur plateforme de marque. Le manager m’a demandé de construire une formation pour irriguer ses valeurs dans leurs équipes. C’est comme ca que la formation est née ». Depuis, la petite entreprise a professionnalisé son approche, perfectionné son discours, étoffé son catalogue. Et elle est devenue une as de la communication, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les interventions en séminaires ou lors de conférences TedX ou Arnaud Camus explique sa vision du management.

« J’ai la moitié du marché de l’équicoaching », confiait Arnaud, dans les pages de la presse il y a quelques années. Et c’est toujours le cas, puisque si les formateurs sont de plus en plus nombreux et le marché de plus en plus gros, l’Académie équicoaching détient toujours la plus grosse part du gâteau, d’un secteur qui fait environ 2 millions de chiffre d’affaires selon nos estimations.

Pour y participer, compter 1750 euros par jour. Pas de quoi décourager des stagiaires séduits, qui parfois même reviennent, pour un deuxième face-à-face musclé avec l’équidé.

Marine Landau

Retrouvez l’article original : https://www.bfmtv.com/economie/emploi/il-faut-mettre-le-pied-la-ou-le-cheval-mettra-le-sabot-l-equicoaching-ou-l-apprentissage-du-management-avec-un-cheval_AV-202411030129.html

 

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