Si l’humain ne résout pas tous les problèmes de management, le cheval peut être d’une aide précieuse.
Ce sont deux cadres d’un groupe de services amenés à travailler ensemble. Mais leurs relations sont si exécrables qu’ils ne parviennent même plus à se parler. Un beau jour, les voilà réunis lors d’une session de l’Académie équicoaching, fondée par Arnaud Camus il y a dix ans. Un exercice conduit l’un à marcher les yeux bandés aux côtés d’un cheval ; l’autre guide la monture, qui doit avancer sur un parcours balisé par des quilles. «C’est un module excellent pour apprendre à se faire confiance, explique Arnaud Camus. En l’occurrence, ces deux cadres ont mesuré qu’ils pouvaient s’épauler. Le soir même, ils sont repartis ensemble.»
Si la plus noble conquête de l’homme ne résout pas tous les problèmes de management, elle peut être d’une aide précieuse. «Les chevaux sont dotés d’un grand nombre de capteurs sensitifs (oreilles, queue, naseaux…), expose Arnaud Camus. Nous avons recensé pas moins de 54 points de lecture qui les aident à décoder le comportement humain.» Une simple mise en situation, seul face à l’animal, permet de révéler certains traits: la posture quand on marche vers lui dit déjà beaucoup de choses d’une personnalité. D’autres exercices, avec une longe ou en attelage affinent la perception.
Aucune compétence en équitation n’est requise pour appréhender cette méthode. «Tout se fait à pied et le cheval est en liberté, sans selle ni mors», explique Stéphanie Grenard, directrice de SLE Consulting, dont les activités équestres sont basées à Villefranche-sur-Saône (Rhône). Elle reçoit des équipes de direction issues de tous les secteurs mais aussi des équipes commerciales et même des managers seuls. «Trouver des liens entre des gens qui ne se comprennent plus est une motivation récurrente, dit-elle. Profiter d’un cadre ludique en est une autre.»
À l’Académie équicoaching, Arnaud Camus travaille de concert avec Laurence Flichy, psychologue, et Jean-Luc Force, médaillé olympique. Pour exercer cette activité, la passion du cheval est indispensable. «Cela ne veut pas dire qu’il soit spécialement dressé, poursuit Stéphanie Grenard. L’animal lit naturellement les émotions et les intentions.» Après chaque exercice, c’est le débriefing. «Nous ne sommes pas là pour stigmatiser les attitudes mais d’abord pour travailler sur la cohésion, la confiance en soi et la découverte mutuelle», précise Arnaud Camus.
La démarche commence en amont dans les deux structures afin d’évaluer les besoins des individus et des groupes qui leur sont confiés. «Nous allons d’autant mieux collaborer en comprenant l’autre et en capitalisant sur les forces de chacun, reprend Stéphanie Grenard. C’est pour cela que j’utilise des outils RH tels que l’outil d’évaluation DISC ou le diagnostic d’intelligence émotionnelle avant les séminaires en centre équestre.»
Le cheval au chevet du «team building», c’est encore une niche en France. Plusieurs personnes proposent une offre en solo mais rares sont les structures comme l’Académie équicoaching ou SLE Consulting à pouvoir se déplacer partout en France. Direction Lyon, Bordeaux ou le sud de la France avec des centres équestres adaptés pour les accueillir. Arnaud Camus et son équipe, qui figurent parmi les pionniers, disposent d’une quarantaine de chevaux. Les sessions durent un ou deux jours, à partir de 800 euros par journée et par personne. Depuis cette année, l’Académie équicoaching est éligible au compte personnel de formation (CPF).
«La crise sanitaire nous sert déjà d’accélérateur, observe Stéphanie Grenard. Beaucoup d’équipes éprouvent la nécessité de se reconstruire après un tel séisme professionnel et personnel.» L’aspect écologique joue aussi en faveur de ces stages équestres. Ce n’est pas tous les jours que des salariés peuvent se retrouver «sans filtre, dans la nature et au contact d’un “outil” performant et vivant», ajoute Arnaud Camus.
Aucune compétence en équitation n’est requise pour appréhender cette méthode